Dès la seconde guerre mondiale
terminée, il est temps de penser à la reconstruction du pays. Avec le
plan Pons, le gouvernement provisoire s’emploie à répartir les
productions entre les différents constructeurs français. La Régie
Renault, nationalisée depuis Janvier 1945, fait partie des sélectionnés
pour le programme « 1000/1400 kg ».
Les responsables de "Billancourt" doivent rapidement concevoir un
véhicule utilitaire solide, peu onéreux et fonctionnel. L’objectif est
clair : fournir aux commerçants français l’outil dont ils ont besoin
pour accomplir leur travail quotidien. A peine moins de deux années
seront nécessaires pour présenter, en fin d'année 1946, le Renault 1 000 kg,
connu sous le code usine 206 E1. C'est un utilitaire robuste au confort
sommaire et l'équipement minimal qui n’utilise que des techniques
éprouvées : un moteur latéral lancé en 1935 (10 ans plus tôt) sur la Primaquatre.
Sa cabine est composée d'une structure en bois (abandonnée très
tardivement) habillée d'une carrosserie en tôle. Il sera vendu à 124.570
exemplaires dans toutes ses variantes jusqu'en 1965.
L'évolution du 1.000 Kg
Commercialisé
dès février 1947, ce petit utilitaire est prosaïquement dénommé "1.000
kg". Equipé du moteur dit "85", né en 1935 et déjà vu sur les
PrimaQuatre et NovaQuatre. Il se caractérise par une course longue (105
mm) et un alésage qui lui donne son nom (85 mm).
En 1949, une version "1400 kg" vient seconder le "1.000 Kg" jugée
trop juste. Vendu essentiellement en version bâché et plateau, il
connaît en fin le succès grâce à sa polyvalence et sa robustesse. Tous
les aménagements sont possibles. En 1952, il bénéficie du moteur "85"
culbuté, l'arbre à cames latéral est positionné plus haut qui actionne
des culbuteurs qui viennent ouvrir des soupapes en tête. La course a été
réduite à 88 mm et la cylindrée passe à 1.996 cm3. On retrouvera plus
tard ce moteur sur les Colorale et Frégate.
En 1956, les modèles "1.000 kg" et "1.400 kg" sont rebaptisés
"Voltigeur" et "Goélette". Une nouvelle version de 4,5 tonnes nommée Galion
est présentée. La Goélette reçoit le moteur "Etendard" de la Frégate
mais avec un taux de compression abaissé, ce qui ramène sa puissance à
64 Ch (SAE) à 3.300 tr/min.
En 1957, l'Armée Française commande une version militaire de la Goélette en version 4X4, le Renault 2087 Goélette 4x4 préparée par Sinpar
ou Herwaythorn. Au passage, nombre d'administrations de dotent de ce
modèle : PTT, EDF, Pompiers.... On en retrouve dans des mairies de
communes de montagne. La version deux roues motrices est très utilisée
par la Police comme "panier à salade" et en guise d'ambulance.